Édition du vendredi 25 janvier 2019
Premiers résultats « encourageants » sur le dédoublement de classes, mais des doutes sur les conditions de son extension
La première évaluation sur le dédoublement des classes de CP en éducation prioritaire renforcée (REP+) vient d’être publiée. Les résultats sont « plutôt satisfaisants » a résumé le ministre de l’Éducation nationale, en déplacement jeudi 24 janvier à Angoulême, en Charente.
Le ministre y visitait une école en éducation prioritaire renforcée (REP+). Deux classes de CP y ont été dédoublées à la rentrée 2017, et deux de CE1 à la dernière rentrée. C'était, pour le ministre, une façon de confronter ces « résultats très encourageants » aux retours des enseignants. Les quatre enseignantes présentes lors de cette visite sont plutôt allées dans son sens : oui, « le climat est plus serein », « les temps de parole plus importants », « la prise de parole plus facile pour les plus timides », « le travail de groupe créé de la cohésion », « les enfants sont plus autonomes », « ils mettent plus de sens sur les apprentissages ».
Mais à la question de savoir si les élèves qui ont étrenné le dédoublement en CP en 2017 savaient tous lire à leur entrée au CE1 en 2018, la réponse est plus nuancée. Non, ils ne savaient pas tous lire en septembre, « mais depuis début janvier oui ». « Pour les plus en retard, il aura donc fallu un an et quart » répète le ministre. Quant à savoir si cela s’améliore avec le dédoublement, les enseignantes ne tranchent pas non plus. « Nous n'avons pas encore assez de recul ».
Le ministre veut croire que « c’est année après année que cela va prendre de l’ampleur », le dédoublement allant de pair avec des changements pédagogiques. L’objectif, a répété Jean-Michel Blanquer, « est de réduire, voire annihiler les écarts entre les REP+ et les non REP, ce qui n’a jamais été fait ». Quitte à sacrifier d'autres dispositifs, comme celui de Plus de maîtres que de classes. Dans cette école d'Angoulême, l’une des enseignantes en charge aujourd'hui d'une demi-classe de CE1 était auparavant affectée sur ce dispositif. Elle pouvait intervenir dans différentes classes, en appui de ses collègues. Depuis le dédoublement, ce poste n'existe donc plus. C’est l’un des reproches du syndicat enseignant Snuipp – de « déshabiller Paul pour habiller Pierre ».
« Priorité au primaire »
Le syndicat met surtout à nouveau en doute le fait que le ministère dispose des postes suffisants pour assurer tous les dédoublements de classes prévues à la rentrée prochaine. Jean-Michel Blanquer, répondant à une question de Maire info, a réfuté et s’est montré catégorique : « La priorité est à l’école primaire. Tous les enfants doivent sortir de l’école primaire en maîtrisant les savoirs fondamentaux, ce qui n’est pas le cas de 20% d’entre eux aujourd’hui. Cette priorité s’accompagne d’une priorité budgétaire et de la création de postes dans le primaire : plus de 2 000 à la rentrée prochaine pour continuer le dédoublement ». Comme l’an dernier, le ministre l’assure : « Dans chaque département, à chaque rentrée, il y a et il y aura une amélioration du taux d’encadrement à l’école primaire » – glissant au passage que des moyens accompagneront aussi l'école rurale.
Des maires vigilants
Du côté des maires, on redoute une rentrée prochaine plus complexe en éducation prioritaire. D’abord en raison de la raréfaction des lieux disponibles pour opérer le dédoublement des classes de CE1 en particulier. Certaines communes n’auraient d’autre choix que de reprendre des locaux dédiés à d’autres activités (accueils de loisirs, bibliothèques, arts plastiques), ce qui risque de désorganiser le fonctionnement de ces activités, quand cela ne les fait tout simplement pas disparaitre. Les aides financières pour accompagner les collectivités pourraient en outre s’avérer insuffisantes dans la mesure où elles proviennent des dotations existantes (DPV, DSIL, DETR), et dont les décisions d’attribution relèvent des préfets. L’AMF s’en est déjà inquiétée lors des auditions sur la loi de finances ou directement auprès du ministre.
Dernier grief : un certain nombre d’autres écoles en difficulté se sentent mises de côté pour la seule raison que la carte de l’éducation prioritaire ne recoupe pas toujours celle de la politique de la ville.
Consulter le dossier « Dédoublement des classes de CP en éducation prioritaire renforcée : première évaluation ».
Le ministre y visitait une école en éducation prioritaire renforcée (REP+). Deux classes de CP y ont été dédoublées à la rentrée 2017, et deux de CE1 à la dernière rentrée. C'était, pour le ministre, une façon de confronter ces « résultats très encourageants » aux retours des enseignants. Les quatre enseignantes présentes lors de cette visite sont plutôt allées dans son sens : oui, « le climat est plus serein », « les temps de parole plus importants », « la prise de parole plus facile pour les plus timides », « le travail de groupe créé de la cohésion », « les enfants sont plus autonomes », « ils mettent plus de sens sur les apprentissages ».
Mais à la question de savoir si les élèves qui ont étrenné le dédoublement en CP en 2017 savaient tous lire à leur entrée au CE1 en 2018, la réponse est plus nuancée. Non, ils ne savaient pas tous lire en septembre, « mais depuis début janvier oui ». « Pour les plus en retard, il aura donc fallu un an et quart » répète le ministre. Quant à savoir si cela s’améliore avec le dédoublement, les enseignantes ne tranchent pas non plus. « Nous n'avons pas encore assez de recul ».
Le ministre veut croire que « c’est année après année que cela va prendre de l’ampleur », le dédoublement allant de pair avec des changements pédagogiques. L’objectif, a répété Jean-Michel Blanquer, « est de réduire, voire annihiler les écarts entre les REP+ et les non REP, ce qui n’a jamais été fait ». Quitte à sacrifier d'autres dispositifs, comme celui de Plus de maîtres que de classes. Dans cette école d'Angoulême, l’une des enseignantes en charge aujourd'hui d'une demi-classe de CE1 était auparavant affectée sur ce dispositif. Elle pouvait intervenir dans différentes classes, en appui de ses collègues. Depuis le dédoublement, ce poste n'existe donc plus. C’est l’un des reproches du syndicat enseignant Snuipp – de « déshabiller Paul pour habiller Pierre ».
« Priorité au primaire »
Le syndicat met surtout à nouveau en doute le fait que le ministère dispose des postes suffisants pour assurer tous les dédoublements de classes prévues à la rentrée prochaine. Jean-Michel Blanquer, répondant à une question de Maire info, a réfuté et s’est montré catégorique : « La priorité est à l’école primaire. Tous les enfants doivent sortir de l’école primaire en maîtrisant les savoirs fondamentaux, ce qui n’est pas le cas de 20% d’entre eux aujourd’hui. Cette priorité s’accompagne d’une priorité budgétaire et de la création de postes dans le primaire : plus de 2 000 à la rentrée prochaine pour continuer le dédoublement ». Comme l’an dernier, le ministre l’assure : « Dans chaque département, à chaque rentrée, il y a et il y aura une amélioration du taux d’encadrement à l’école primaire » – glissant au passage que des moyens accompagneront aussi l'école rurale.
Des maires vigilants
Du côté des maires, on redoute une rentrée prochaine plus complexe en éducation prioritaire. D’abord en raison de la raréfaction des lieux disponibles pour opérer le dédoublement des classes de CE1 en particulier. Certaines communes n’auraient d’autre choix que de reprendre des locaux dédiés à d’autres activités (accueils de loisirs, bibliothèques, arts plastiques), ce qui risque de désorganiser le fonctionnement de ces activités, quand cela ne les fait tout simplement pas disparaitre. Les aides financières pour accompagner les collectivités pourraient en outre s’avérer insuffisantes dans la mesure où elles proviennent des dotations existantes (DPV, DSIL, DETR), et dont les décisions d’attribution relèvent des préfets. L’AMF s’en est déjà inquiétée lors des auditions sur la loi de finances ou directement auprès du ministre.
Dernier grief : un certain nombre d’autres écoles en difficulté se sentent mises de côté pour la seule raison que la carte de l’éducation prioritaire ne recoupe pas toujours celle de la politique de la ville.
À Angoulême, Emmanuelle Stroesser
Consulter le dossier « Dédoublement des classes de CP en éducation prioritaire renforcée : première évaluation ».
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